Melmoth: L'homme errant - Charles Robert Maturin

On ne raconte pas Melmoth: on ne raconte pas un labyrinthe. Construit en ab me selon un vertigineux embo tage de r cits, il brosse avec fureur, six cents pages durant, la vie d'un h ros poss d par le mal, pour qui le temps n'existe pas. On en sort sans voix. Roman, mais aussi bien recueil kal idoscopique de fictions savamment m l es, le livre nous entra ne en divers pays diverses poques - en particulier dans l'Espagne de l'Inquisition, dont le r v rend Maturin laisse un portrait terrifiant qu'auraient pu signer Sade ou Goya. Toujours le lecteur se trouve pris au d pourvu, dans les lacs d'un imaginaire o l'on ne peut que perdre pied, chaque chapitre creusant un peu plus l'escalier de l'enfer. Mais laissons parler quelques lecteurs... Andr Breton: Le g nie de Maturin est de s' tre hauss au seul th me qui f t la mesure des tr s grands moyens dont il disposait: le don des noirs jamais les plus profonds, qui sont aussi ceux qui permettent les plus blouissantes r serves de lumi re. Il tenait l' clairage voulu pour appeler s'y inscrire le probl me des probl mes, celui du mal. Et Baudelaire: Maturin dans le roman (...) Poe dans la po sie et dans le r cit analytique (...) ont projet des rayons splendides, blouissants, sur le Lucifer latent qui est install dans tout coeur humain. Je veux dire que l'art moderne a une tendance essentiellement d moniaque. (L'Art romantique). Ajoutons que notre si cle, en ses couleurs cruelles, n'a fait qu'ajouter un peu d'actualit encore cette oeuvre terrible - nous voulons dire terriblement humaine. Le noir, c'est connu, ne se d mode jamais.